La Fondation Kahawatu, financée par USAID et des partenaires privés, met en œuvre depuis 5 ans le Burundi Coffee Alliance (BCA) qui a pour objectif d’améliorer les conditions de vie des caféiculteurs. Pour ce, Kahawatu soutient ces derniers dans l’augmentation du rendement de leurs caféiers, dans l’amélioration de la qualité de leurs cerises de café, ainsi que dans le suivi de leurs gestions financières globales. Opérant dans 5 provinces : Ngozi, Kayanza, Gitega, Muyinga et Karuzi, Kahawatu et ses partenaires internationaux actifs dans la filière café font un suivi rapproché sur les meilleures pratiques agricoles dans les champs.
Après 5 ans d’étroite collaboration au sein du BCA, plus 43’000 ménages de caféiculteurs ont vu leurs rendements passer de moins de 1Kg à 3Kg de cerises par arbre en moyenne, ce qui représente une importante augmentation du revenu au moment de la vente de leurs cerises de café. Au-delà de cette évolution du revenu moyen par ménage qui est passé de 194’000Fbu à 514’000Fbu soit une augmentation de 165%, nombreux d’entre eux sont aussi regroupés dans des groupes de cautions solidaires encadrés par des experts de Kahawatu, ce qui leur facilite l’accès aux microfinances.
Au cours de ce projet Burundi Coffee Alliance (BCA), les partenaires ont contribué à hauteur de plus de 5 millions de dollars via la Fondation Kahawatu. Cela, en plus de l’augmentation de la productivité de ces caféiculteurs et donc du volume de café à l’exportation, a contribué à alimenter les caisses de la banque nationale en devises étrangères.
Après la présentation des résultats du projet BCA lors de l’atelier de clôture, les participants (les représentants du peuple, les gouverneurs, les administrateurs, les représentants du Minagri, ODECA etc.) ont tous apprécié les réalisations du projet et demandé que les acquis soient capitalisés et vulgarisés dans tout le pays.
Néanmoins, malgré les efforts financiers, technologiques et humains mis dans le projet afin d’augmenter la productivité et de maximiser la qualité du café tout en améliorant de surcroit le niveau de vie des caféiculteurs Burundais, quelques défis ont été relevés par les fermiers et les partenaires du projet BCA :
- Insuffisance d’intrants et de pesticides pour les maladies et ravageurs ;
- Mécontentement des fermiers causé par la non disponibilité des centres de collecte gérés par les partenaires qui étaient auparavant installés sur tous les centres urbains dans les collines. Ceux-ci garantissaient un emploi saisonnier pour les jeunes et le marché pour les cerises des caféiculteurs au prix garanti fixé par l’Etat ;
NDUWAYEZU Elie de la colline Nyanza en commune Gashikanwa : J’ai été gérant du centre de collecte de « Nyanza » pendant quatre ans mais la saison précédente, nous n’avons pas eu la permission de l’ouvrir. Pour les caféiculteurs de ma localité la distance à parcourir jusqu’à la station de lavage de Mubuga est grande surtout que ces caféiculteurs sont âgés. Le transport quant à lui est cher entre 50 BIF à 150 BIF par kilogramme alors même que le paiement de la cerise ne tombe que plusieurs mois plus tard. La plupart ont donc préféré vendre à des commerçants à perte leurs récoltes de cerises. La suppression des centres de collecte a aussi touché quelques familles qui dépendaient des emplois saisonniers pour le triage des fiches, la pesée et l’enregistrement des achats.
NZISABIRA Diallo de la colline Ntembe en commune Mwumba : Avant grâce au centre de collecte qui se trouvait dans notre localité, on vendait notre récolte dans de bonnes conditions en suivant les bonnes pratiques que KAHAWATU nous a appris sur la préservation de la qualité de la cerise lors de la cueillette et le triage. Ainsi le transport se faisait dans les temps. Mais la saison dernière avec la suppression des centres de collecte, on a rencontré plusieurs obstacles dans la vente de notre récolte malgré la hausse du prix du kg de cerises de café.
La plupart des propriétaires des plantations de café sont âgés. Il ne leur est pas facile de transporter leur récolte. Ils ont dû se résigner à payer une main-d’œuvre très cher pour le transport et les risques de vol ou de tricherie ne manquaient pas. Il y avait aussi le risque que la qualité de la récolte se dégrade même si on avait suivi les bons procédés de préservation.
La saison prochaine avec ce que je vois dans nos plantations, il y aura une grande récolte si le climat nous est favorable. Je voudrais demander que les centres de collecte soient autorisés à fonctionner à nouveau sur chaque colline si possible pour que l’on puisse vendre facilement nos cerises et que nos finances soient préservées.
- Un taux de change aberrant pour les devises provenant des recettes d’exportation à moins de 2’000Fbu/USD alors que lorsqu’il faut acheter des devises pour importer les équipements nécessaires le taux n’est pas moins de 3’350Fbu/USD. Ce taux artificiel est directement responsable du prix trop bas que les caféiculteurs touchent pour leurs cerises. En effet sans ce problème de change les caféiculteurs toucheraient plus de 50% de plus qu’aujourd’hui.
Les éléments ci-dessus ont contraints nos partenaires à se retirer de la phase 2 du projet BCA malgré le succès de la première phase. Cela est très regrettable pour les caféiculteurs mais aussi pour l’Etat du Burundi qui perd en devises et taxes.